Du grec apologos, récit. L’usage a donné un sens spécial à ce mot. Apologue, dès long-temps, ne se dit que d’un récit allégorique d’où l’on déduit une moralité ; il est synonyme de fable.
Les anciens, qui usaient de l’apologue pour se faire comprendre de la multitude, substituaient quelquefois dans ce but une action à un récit.
Sertorius recourait souvent à ce moyen pour donner à ses soldats des leçons utiles. Un jour, voulant leur faire sentir les inconvénients auxquels ils s’exposaient par l’impatience de combattre, « il fit amener au milieu d’eux, dit Plutarque, deux chevaux, l’un vieux, maigre et d’une extrême faiblesse; l’autre jeune, gras, vigoureux, et remarquable surtout par la beauté de sa queue et par la quantité de crins dont elle était fournie. Auprès du cheval faible, il mit un homme grand et fort, et, auprès du cheval vigoureux, un homme petit et débile. Le signal donné, l’homme fort prit à deux mains la queue du cheval faible, et la tirait de toute sa force, comme pour l’arracher, et l’homme faible se mit à arracher petit à petit, un par un, les crins de la queue du cheval fort. Après que le premier eut pris bien de la peine inutilement, et qu’il eut bien fait rire les spectateurs, il renonça à son entreprise; mais le petit homme faible, dans un moment, et sans aucun effort, fit voir la queue de son vigoureux cheval toute nue et dépouillée de ses crins.
« Mes amis, dit alors Sertorius, vous voyez que la patience est plus efficace que la force, et que la plupart des choses dont on ne saurait venir à bout tout à la fois, quelque effort qu’on fasse, on les fait sans peine peu à peu; car la continuation est une chose invincible. »
Définition de l”apologue – ( Plut. , Vie de Sertorius. )