Un Charbonnier avait loué une trop grande maison, et ne la pouvant occuper tout entière, il pria un Faucon de s’y venir loger avec lui, et d’y prendre un appartement. Le Foulon n’y voulut jamais consentir, et dit au Charbonnier pour excuse, que la fumée de son charbon noircissait tout ce qu’il aurait blanchi par sa teinture.
Autre version
Un charbonnier qui exerçait son métier dans une certaine maison, ayant vu un foulon établi près de lui, alla le trouver et l’engagea à venir habiter avec lui, lui remontrant qu’ils en seraient plus intimes et qu’ils vivraient à moins de frais, n’ayant qu’une seule demeure. Mais le foulon lui répondit : t C’est pour moi totalement impossible : car ce que je blanchirais, tu le noircirais de suie. »
La fable montre qu’on ne peut associer des natures dissemblables.
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le Charbonnier et le Foulon
Le Charbonnier dit au Foulon :
« Ta case est trop étroite, et la mienne est plus vaste ;
« Tu serais mieux chez moi, mon compère: allons, baste !
« Viens demeurer dans ma maison. »
Le Foulon lui répondit : « Non,
« Mon cher; c’est un trop grand contraste
« Entre ma craie et ton charbon.
« Etant sous même toit, comment pourrions-nous faire ?
« Ce que tu veux noircir, moi, je l’éclaircirais.
« Ce que je dois blanchir, par un effet contraire,
« Sans cesse tu l’obscurcirais.
« Entendons mieux nos intérêts,
« Et n’allons pas manquer tous les deux notre affaire,
« En voulant nous loger si près. «
L’offre du Charbonnier était d’un homme honnête;
Le refus du Foulon est d’une bonne tète.
Méditons sa réponse !Elle nous fait sentir
Qu’avant de vivre ensemble il faut bien s’assortir.
- François de Neufchâteau – 1750 – 1828