“Du Chien et de son Image” – Un Chien traversant une rivière sur une planche, tenait dans sa gueule un morceau de chair, que la lumière du Soleil fit paraître plus gros dans l’eau, comme c’est l’ordinaire. Son avidité le poussa à vouloir prendre ce qu’il voyait, et il lâcha ce qu’il portait, pour courir après cette ombre. C’est ainsi que sa gourmandise fut trompée, et il apprit à ses dépens qu’il vaut mieux conserver ce que l’on possède, que de courir après ce qu’on n’a pas.
Autre version
“Le Chien qui porte de la viande” – Un chien tenant un morceau de viande traversait une rivière. Ayant aperçu son ombre dans l’eau, il crut que c’était un autre chien qui tenait tan morceau de viande plus gros. Aussi, lâchant le sien, il s’élança pour enlever celui de son compère. Mais le résultat fut qu’il n’eut ni l’un ni l’autre, l’un se trouvant hors de ses prises, puisqu’il n’existait même pas, et l’autre ayant été entraîné par le courant.
Cette fable s’applique au convoiteux.
- Esope – VIIe-VIe siècle av. J.-C
Le Chien et le Milan
Un jour, un chien emporta d’une boucherie un morceau de viande, et descendit dans une rivière pour la traverser. Voyant dans l’eau l’image de sa proie, qui lui parut plus grande que ce qu’il tenait, il jette son morceau. Un milan se précipite dessus et l’emporte. Cependant, le chien se mit à la recherché du gros morceau qu’il avait vu, et, ne trouvant rien, voulut revenir à celui qu’il avait d’abord ; mais il ne le trouva plus. « Personne, se dit-il alors, n’est plus insensé que moi ; j’ai abandonné ce que je tenais pour chercher ce que je ne pouvais avoir. »
Cette fable signifie
à celui qui, possédant un petit bien, l’abandonne pour courir après un plus grand, dont l’acquisition lui est impossible.
- Luqman (Locman ou Loqman) XIe siècle av. J.-C.
Canis per fluviu Carnem ferens
Amittit merito proprium qui alienum appetit.
Canis, per fluvium carnem cum ferret, natans
Lympharum in speculo vidit simulacrum suum,
Aliamque prædam ab altero ferri putans
Eripere voluit; verum decepta aviditas
Et quem tenebat ore dimisit cibum,
Nec quem petebat adeo potuit attingere.
- Phedre – (14 av. J.-C. – vers 50 ap. J.-C.)
Le Chien nageant
On perd justement son bien, quand on convoite celui d’autrui.
Un chien traversait un fleuve avec un morceau de chair dans sa gueule: il aperçoit son image dans le miroir des eaux, et, croyant voir un autre chien portant une autre proie, il veut la lui ravir. Mais son avidité fut trompée il lâcha la proie qu’il tenait, et ne put néanmoins atteindre celle qu’il avait convoitée.
- Fable de Phedre traduite par Ernest Panckoucke (1808 – 1886)
Dou Chiens et dou Foumaige
Par une feie ce vas recunt
Passeit un chiens desus un punt ;
Un fourmaige en se geule tint,
Quant il enmi cel punt parvint
En l’aigue vit l’ombre dou fourmaige.
Pur pensa sei en sun curaige
K’il les vuleit aveir an deus,
Iluec fu-il trop cuveiteus.
En l’iaue sunt, sa buche ovri,
E li fourmaiges li chéi,
E umbre vit, è umbre fu,
E sun fourmaige en ot perdu.
MORALITÉ,
Pur ce ne deivent custier
Cil ki trop voelent coveitier,
Ki plus coveite que sun dreit
Par li méismes se déceit;
Kar ce k’il a pert-il suvent
Ede l’autrui n’a-il talent.
- Marie de France – 1160 – 1210 ?
Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre
Chacun se trompe ici-bas.
On voit courir après l’ombre
Tant de fous, qu’on n’en sait pas
La plupart du temps le nombre.
Au Chien dont parle Esope il faut les renvoyer.
Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée,
La quitta pour l’image, et pensa se noyer ;
La rivière devint tout d’un coup agitée.
A toute peine il regagna les bords,
Et n’eut ni l’ombre ni le corps.
- Jean de la Fontaine – 1621 – 1695
Le Chien et son Ombre
Un Chien, tenant un morceau de viande dans sa gueule, traversait une rivière : il vit son image dans l’eau, et crut d’abord que c’était un autre chien qui portait une autre proie ; il approche, l’image s’éloigne.
Je ne te poursuivrai pas, dit-il, ni ne quitterai ce que je tiens ; mon instinct me dit que tu n’es que mon ombre.
Imitez la prudence du Chien, et ne quittez jamais la substance pour l’Ombre.
- M. Perrin (fables amusantes) – 18?? – 1???