Un Coq se tenait sur un chêne fort élevé. Un Renard, qui ne pouvait l’y atteindre, courut au pied de l’arbre : ” Ami, cria-t-il à l’autre, bonne nouvelle ! Hier, la paix fut signée entre les tiens et les nôtres. Sans rancune donc, je te prie ; et puisque dorénavant nous devons tous nous entr’aimer comme frères, commençons par nous réconcilier. Viens donc, mon cher, descends que je t’embrasse. – Ami, repartit le Coq, tu ne saurais croire combien cette nouvelle me réjouit. Je la crois certaine, car, si je ne me trompe, je vois là-bas deux courriers qui viennent nous en apporter la nouvelle. Demeure donc, je te prie ; et sitôt qu’ils seront arrivés, je descendrai pour nous en réjouir tous quatre ensemble. ” Ces courriers étaient deux Lévriers. Le Renard ne jugea pas à propos de les attendre, et gagna pays ; et le Coq se mit à rire à gorge déployée.
Autre version
” Le Chien, le Coq et le Renard “ – Un chien et un coq ayant fait société allaient par chemins. Le soir venu, le coq monta sur un arbre pour y dormir, et le chien se coucha au pied de l’arbre qui était creux. Or le coq ayant, suivant son habitude, chanté avant le jour, un renard l’entendit, accourut et, s’arrêtant en bas de l’arbre, le pria de descendre vers lui ; car il désirait embrasser une bête qui avait une si belle voix. Le coq lui dit d’éveiller d’abord le portier qui dormait au pied de l’arbre : il descendrait, quand celui-ci aurait ouvert. Alors, comme le renard cherchait à parler au portier, le chien bondit brusquement et le mit en pièces.
Cette fable montre que les gens sensés, quand leurs ennemis les attaquent, leur donnent le change en les adressant à de plus forts.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le Coq et le Renard
Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux coq adroit et matois.
« Frère, dit un renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle:
Paix générale cette fois.
Je viens te l’annoncer, descends, que je t’embrasse.
Ne me retarde point, de grâce:
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir,
Et cependant, viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle.
– Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix;
Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux lévriers,
Qui, je m’assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite et seront dans un moment à nous
Je descends: nous pourrons nous entre-baiser tous.
– Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire,
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois.» Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème.
Et notre vieux coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur;
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
Le Coq et le Renard
Un Renard priait un Coq de descendre, pour se réjouir ensemble de la paix faite entre les Coqs et les Renards : – Volontiers, dit le Coq, quand deux lévriers que je vois, qui en apportent la nouvelle, seront arrivés. – Le Renard remit la réjouissance à une autre fois et s’enfuit.
Un rival contre nous est toujours enragé ;
S’y fier est chose indiscrète,
Quelque amitié qu’il vous promette,
Il voudrait vous avoir mangé.
- Charles Perrault – 1628 – 1703