“Du Lion, de l’Ours et du Renard “- Le Lion et l’Ours s’entre-déchiraient, et cela pour quelques rayons de miel qu’ils avaient trouvés dans le creux d’un chêne. Chacun d’eux prétendait en faire son profit, sans le partager avec son compagnon. Ils eussent beaucoup mieux fait d’en faire deux parts ; car tandis qu’ils s’acharnent l’un sur l’autre, un Renard se glisse sans bruit près du miel, le lape et se sauve.
Autre version
” Le Lion, l’Ours et le Renard “ – Un lion et un ours, ayant trouvé un faon de biche, se battaient à qui l’aurait. Ils se portèrent l’un à l’autre des coups terribles, tant qu’enfin, pris de vertige, ils s’abattirent à demi morts. Un renard, qui passait, les voyant énervés, et le faon gisant au milieu, l’enleva et s’en alla en passant entre eux deux. Et eux, hors d’état de se relever, murmurèrent : « Malheureux que nous sommes ! c’est pour le renard que nous avons pris tant de peine. »
La fable montre qu’on a raison de se dépiter, quand on voit les premiers venus emporter le fruit de ses propres travaux.
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Les Voleurs et l’Ane
Pour un Ane enlevé deux Voleurs se battaient :
L’un voulait le garder ; l’autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron.
L’Âne, c’est quelquefois une pauvre province.
Les voleurs sont tel ou tel prince,
Comme le Transylvain, le Turc, et le Hongrois.
Au lieu de deux, j’en ai rencontré trois :
Il est assez de cette marchandise.
De nul d’eux n’est souvent la Province conquise :
Un quart Voleur survient, qui les accorde net
En se saisissant du Baudet
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)