U n Bûcheron entrant dans une Forêt, lui demanda la permission de prendre du bois pour faire un manche à sa cognée. Elle y consentit ; mais peu de temps après, elle se repentit de sa complaisance car le Bûcheron se servit de sa cognée pour couper de grandes branches d’arbres, et pour dépouiller la Forêt de ses principaux ornements, sans qu’elle pût s’en défendre, parce qu’elle avait fourni des armes au Bûcheron contre elle-même.
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
La Forêt et le Bûcheron
Un bûcheron venait de rompre ou d’égarer
Le bois dont il avait emmanché sa cognée.
Cette perte ne put sitôt se réparer
Que la forêt n’en fût quelque temps épargnée.
L’homme enfin la prie humblement
De lui laisser tout doucement
Emporter une unique branche
Afin de faire un autre manche.
« Il irait employer ailleurs son gagne-pain ;
Il laisserait debout maint chêne et maint sapin
Dont chacun respectait la vieillesse et les charmes.”
L’innocente forêt lui fournit d’autres armes.
Elle en eut du regret. Il emmanche son fer :
Le misérable ne s’en sert
Qu’à dépouiller sa bienfaitrice
De ses principaux ornements.
Elle gémit à tous moments :
Son propre don fait son supplice.
Voilà le train du monde et de ses sectateurs .
On s’y sert du bienfait contre les bienfaiteurs.
Je suis las d’en parler. Mais que de doux ombrages
Soient exposés à ces outrages,
Qui ne se plaindrait là-dessus !
Hélas ! j’ai beau crier et me rendre incommode,
L’ingratitude et les abus
N’en seront pas moins à la mode.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
Le Bûcheron et La Forêt
Un Bûcheron pénétrant dans une Forêt,
De son air de pauvret,
Lui demanda l’accord de prendre une branche
Afin qu’à sa cognée, il redonnât un manche.
Elle y consentit ;
Mais peu de temps après, elle s’en repentit
Car, muni de sa hache,
Le Bûcheron revint, s’étant donné pour tâche
De dépouiller la Forêt de ses plus beaux charmes,
Convaincu que branches et troncs étaient à fendre,
Et sans qu’elle pût aucunement se défendre.
De sa chute, pour en avoir fourni les armes,
Comme Rosée, de la Forêt tombèrent des larmes.
- David Claude – (fabuliste contemporain)