Joseph Barthélemy de Feraudy
Enfin je vais pour épilogue,
Conter encore un apologue ;
Fabulistes, écoutez-moi,
Vous souscrirez à mon avis, je croi.
Un homme, un jour, ayant envie
De faire un beau bouquet, s’en fut dans un jardin ;
Mais cet homme aurait dû se lever plus matin,
Car la dernière fleur avait été cueillie.
Au lieu de renoncer alors à son projet,
Il coupe dans les champs un peu d’herbe fleurie,
Prend du thym, du serpolet,
Et fait enfin, de son mieux, un bouquet.
De nos modernes fabulistes
Voilà le fidèle portrait,
Vont d’abord s’écrier messieurs les rigoristes.
Ah! de grâce, messieurs, soyez plus indulgents,
Et n’allez pas ainsi décourager les gens.
Souvenez-vous que Lafontaine
A dit aux enfants des neuf sœurs,
Que l’apologue, en son riche domaine,
Pouvait toujours offrir des fleurs.
Jean s’est acquis une gloire immortelle,
Mais Florian, Lamothe et d’autres bons esprits,
Ont, après lui, prouvé par leurs écrits,
Qu’il n’avait pas tiré l’échelle.
Joseph Barthélemy de Feraudy