Epistula ad theodosium
Dubitanti mihi, Theodosi optime, quonam litterarum titulo nostri nominis memoriam mandaremus, fabularum textus occurrit, quod in his urbane concepta falsitas condeceat, et non incumbat necessitas ueritatis. Nam quis tecum de oratione, quis de poemate loqueretur, cum in utroque litterarum genere et atticos greca eruditione superes, et latinitate romanos? Huius ergo materie ducem nobis Aesopum noueris, qui responso delphici Apollinis monitus ridicula orsus est, ut legenda firmaret.
Verum has pro exemplo fabulas et Socrates diuinis operibus indidit, et poemati suo Flaccus aptauit, quod in se sub iocorum communium specie uitae argumenta contineant. Quas grecis iambis Babrius repetens in duo uolumina coartauit; Phedrus etiam partem aliquam quinque in libellos resoluit.
De his ergo ad quadraginta et duas in unum redactas fabulas dedi, quas rudi latinitate compositas, elegis sum explicare conatus. Habes ergo opus quo animum oblectes, ingenium exerceas, sollicitudinem leues totumque uiuendi ordinem cautus agnoscas. Loqui uero arbores, feras cum hominibus gemere, uerbis certare uolucres, animalia ridere facimus, ut pro singulorum necessitatibus uel ab ipsis animis sententia proferatur.
Préface à Théodose.
Comme je me demandais, mon cher Théodose, par quel titre littéraire je pourrais recommander à la postérité le souvenir de mon nom, l’idée me vint d’écrire des fables, parce que ce genre s’accommode d’une fiction finement imaginée et qu’il est affranchi des exigences de la réalité. D’ailleurs qui oserait te parler d’éloquence et de poésie, alors que, dans les deux genres, tu l’emportes à la fois sur les Grecs et. sur les Romains par la connaissance approfondie de la littérature grecque et de la latine? Dans le domaine que j’ai choisi, mon guide, tu le reconnaîtras, est Ésope, qui, selon le conseil de l’oracle de Delphes, commençait par des badinages pour en faire le fondement de ses conclusions. Ces fables dont il a donné le modèle, Socrate les a placées dans ses divins entretiens et Horace les a fait entrer dans ses poésies, parce que, sous l’apparence de plaisanteries banales, elles renferment toute la donnée du drame de la vie. Babrius les a reprises en vers iambiques grecs et les a réunies en deux volumes. Phèdre en a aussi traité une partie qu’il a divisée en cinq petits livres. Je publie à mon tour, réunies en un seul volume, quarante-deux de ces fables ésopiques qui étaient déjà traduites en latin sans élégance et que je me suis appliqué à développer en vers élégiaques. Tu as donc là un ouvrage fait pour charmer ton esprit, exercer ton imagination, alléger tes soucis et pour te donner le moyen d’apprendre sans risque toute la conduite de la vie. J’ai fait parler les arbres et gémir les bêtes féroces à la manière des hommes, j’ai appris aux oiseaux à se quereller entre eux j’ai donné le rire aux animaux, de manière à faire énoncer à chacun d’eux et même aux êtres inanimés une pensée conforme à leur nature.