Etienne Gosse, auteur dramatique, fabuliste, publiciste, 1773 – 1834.
D’imiter le génie un sot se croit capable.
Le Cheval de manège.
Qui souffre un petit mal, en évite un plus grand.
L’Homme et le Ruisseau.
Isolé sur la terre on cède au moindre orage,
Et les faibles sont forts alors qu’ils sont unis.
Le Cyprès et les Myrtes.
… Pour les choses futiles
Les grands réservent leur bonté;
Ils aiment mieux celui qui sert leur vanité
Que tous ceux qui leur sont utiles.
La Pantoufle et le Soulier.
On peut, dans tous les rangs, avoir de la valeur.
Les deux Rats et le jeune Chat.
Dans tous les temps le ventre a tout gâté.
Le Cheval, l’Âne, le Chien et le Chat.
Il faut aimer ceux qui nous font du bien.
La jeune Fille et la Poupée.
L’amour-propre toujours en sottises abonde.
Le Connaisseur.
L’argent parfois couvre un vaurien.
Le Chat et le Poisson doré.
Ce qui ne plaît qu’aux yeux dans un instant s’oublie,
Le charme dure peu quand on n’est que jolie.
La Tulipe et la Violette.
Blâmer le créateur est d’un malavisé.
La Tortue et le Papillon.
Sans l’obtenir, souvent nous cherchons le bonheur;
La nature l’a mis au sein d’un bon ménage.
Les Valisnères.
Par le public témoin d’une bévue,
Le censeur à son tour peut être censuré.
Le Champ de blé.
On respire toujours un air pur dans les champs.
Le Chien de ville et le Chien de campagne.
Au plus méchant la contenance impose.
Les deux Rats et le jeune Chat.
A la perfection c’est en vain qu’on s’applique,
Trop corriger est un mauvais moyen.
Le Sculpteur.
La critique est utile, on nous l’a dit cent fois,
Mais il est des censeurs de toutes les espèces;
Et la plus grande des faiblesses
C’est de les écouter sans savoir faire un choix.
Le Sculpteur.
Pour sortir du danger le parler ne peut rien;
La force seule est quelque chose.
Les deux Rats et le jeune Chat.
Le Dieu qui nous forma,
Dans nos défauts parfois nous cache une ressource.
La Tortue et le Papillon.
Qui se trouve très-haut ne connaît plus personne,
Et lui-même souvent ne se reconnaît pas.
Le Cerf-volant.
Dès qu’on est élevé parfois on déraisonne.
Le Cerf-volant.
L’équité doit régler la conduite des rois.
Le Tigre et le Lion.
Le savoir et l’esprit
Ne roulent pas toujours en berline dorée.
Le Tremblement de terre.
Chacun défend l’esprit qu’en vain un sot condamne.
La Chienne qui rédige un Journal.
… Quelle est la vertu qui ne doit pas faillir,
Et qui peut se vanter d’être toujours soi-même?
Les deux Chats en sentinelle.
Dès qu’on fut une fois coupable par l’amour,
D’une seconde faute une faute est suivie.
Le Chien de l’escadre.
Il faut, même en frappant, du bon sens et de l’art.
L’Enfant qui joue au sabot.
Plus d’une fois, par leur orgueil punis,
En bravant les petits les grands ont fait naufrage.
Les Cyprès et les Myrtes.
Les gros dévorent les petits.
La Campagne et la Ville.
Presque toujours parmi les hommes
Les grands ne sont pas les meilleurs.
La Campagne et la Ville.
Au faîte des grandeurs monté,
Plus d’un mortel gémit dans le silence,
Et bien souvent a regretté
Sa première indigence
Et son ancienne obscurité.
Les Carpes.
Ne jugeons pas sur l’apparence;
Les beaux habits ne prouvent rien.
Le Chat et le Poisson doré.
Parfois un habit magnifique ne couvre qu’un homme indigent,
Tandis que sous l’habit rustique
Un autre aura beaucoup d’argent.
La Campagne et la Ville.
- Etienne Gosse, citations