Louis Urgel
Fable XIXº – compositrice de musique – Fable-symbole
A mes Amis.
Un enfant ayant laissé tomber le pain de son goûter dans un étang, des centaines de poissons se précipitèrent… Mais le morceau était trop gros. Comment faire ? Aucun d’eux n’osait l’attaquer. Ils étaient tous là timides et sots tirant des plans de conquête.
— Tout à coup un petit poisson fend la foule… Il se rue sur le morceau de pain, tape dessus avec ardeur de la queue, de la tête, des nageoires, si bien que quelques parcelles commencent à se détacher et sont happées goulûment par tous les poissons qui sont autour.
Le petit poisson, lui, ne mange pas. Il travaille encore et toujours. Le pain, sous ses efforts, va, vient, s’enfonce dans l’eau comme englouti, puis reparaît pour s’enfoncer encore, et grâce à la manœuvre de l’intelligent petit animal le pain s’effrite de plus en plus et sillonne l’eau de milliers de parcelles qui régalent la foule. Enfin, lorsqu’il ne reste plus du gros morceau de pain qu’un léger morceau transportable, le petit poisson s’en empare et se sauve avec… Et l’on voit alors tous ses camarades lui courir après en criant : au voleur !…
Moralité :
S’il est vrai que l’ingratitude
Soit l’indépendance du cœur,
Combien d’hommes ont l’attitude
Des poissons criant : « au voleur » !
- Louis Urgel, fable-symbole