Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,
Grand Poulot au long bec emmanché d’un long cou :
Il côtoyait une rivière ;
Le Rhin, je crois, brillant ainsi qu’aux anciens jours.
Son compère Guillaume y faisait mille tours
Avec le Prussien son compère.
Grand Poulot en eût fait aisément son profit :
Ils approchaient du bord, il n’avait donc qu’à prendre.
Mais il crut mieux faire d’attendre
Que la diplomatie au moins l’y contraignit.
Il suivait un système, une route assurée.
Au bout de quelque temps, l’ordre vint : Grand Poulot
Se mit en campagne aussitôt,
Et vit les Hollandais qui pillaient la contrée.
Cela ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux,
Et montrait un air dédaigneux
D’avoir de tels brigands en face :
« Châtier ces brigands, moi, Grand Poulot ! de grâce,
Pour un gendarme me prend-on ?
Guillaume est un tyran, un drôle, un polisson,
C’est du fouet qu’il lui faut et non pas du canon.
Je ferais pour si peu la guerre ! à Dieu ne plaise ! »
Pas maladroit. Aussi tout alla de façon
Qu’on fit aux Hollandais entendre la raison.
Grand Poulot fut alors tout heureux et tout aise
De s’être fait héros sans tirer le canon.
“Grand Poulot et son compère”