Hyppoclide ne s’en soucie pas.
Voici l’historiette qui a donné lieu à ce proverbe grec. Clis-thène, prince de Sycione, avait une fille d’une grande beauté, nommée Agariste, qu’il se proposait de marier au plus brave de tous les Grecs. Il fit en conséquence publier aux jeux olympiques, que quiconque se croirait digne de devenir son gendre se rendit à Sycione dans l’espace de soixante jours. Parmi le grand nombre des prétendans, se trouvèrent deux Athéniens, Megaclès et Hyppoclide, fils de Tysandre, qui passait pour le plus riche et le plus beau des Athéniens. Clisthène retint tous ces prétendans pendant une année pour éprouver leur courage, leur caractère et leurs mœurs. Hyppoclide, dont les ancêtres étaient issus des Cypselus de Corinthe, était celui de tous qui avait su le charmer le plus. Le jour enfin étant arrivé où Clisthène devait choisir son gendre, ce prince fit immoler cent bœufs, et donna un grand festin aux prétendans à la main de sa fille et aux Sycioniens. A la fin du repas, on disputa sur la musique. Hyppoclide, qui attirait l’attention générale, dansa la danse Emmeleia, et parut fort satisfait de lui-même. Peu après, il s’exerça dans les danses lacédémoniennes et athéniennes, mais il les exécuta d’une manière si indécente, que Clisthène, qui était déjà, dès la première danse, revenu de ses préventions favorables pour lui, ne put se contenir davantage, et lui dit : Fils de Tisandre, tu as dansé ton mariage hors de cadence? à quoi Hyppoclide répondit : Hyppoclide ne s’en soucie pas! Expression qui dans la suite passa en proverbe chez les Grecs, pour exprimer la fatuité et l’étourderie.