Apologue imité du Grec
Thisis, jeune & tendre Bergère,
Promenant un jour son troupeau,
Rencontre un foible louveteau
Qu’avoit abandonné sa mère ;
Hélas ! dit-elle , il va périr !
Elle appelle aussi-tôt sa Brebis la plus chère,
Et le lui présentant l’invite à le nourrir.
Quoi vous voulez que pour vous plaire ,
J’offre mon lait au monstre dont le père
A sans pitié dévoré mes enfans ?
Vous le verrez de sa dent meurtrière
Lui-même le premier me déchirer les flancs.
Non, tu sauras changer son caractère ;
Un jour il sentira le prix d’un si beau trait :
Mais dût-il être ingrat, ma chère,
Apprend toujours qu’on trouve son salaire
Dans le plaisir d’avoir bien fait.
“La Bergère et la Brebis”
Par Dareau , de la Société Littéraire de Clermont Ferrand.