Une bergère, assise au bord d’une fontaine.
Dans le cristal des eaux admirait ses appas ;
Attentive à se voir, elle ne pensait pas
Que le temps passe et le plaisir entraîne.
Elle eut soif, elle prend dans le creux de sa main
De cette eau transparente et pure ;
Mais le miroir se brouille. Elle s’efforce en vain
De retrouver ses traits et sa figure.
Elle se plaint, s’afflige. Alors du fond des eaux
Une Naïade sort, et prononce ces mots :
« Belle, attendez qu’à l’eau troublée
Soient rendus, pour vous voir, le calme et le repos;
Vos charmes paraîtront, vous serez consolée. »
Quiconque a le cœur agité,
Désire en vain de se connaître:
Tel qu’on est, on ne peut à soi-même paraître.
Qu’au sein de la tranquillité.
“La Bergère et la Naïade”