Joseph Barthélemy de Feraudy
L’Univers entier m’abandonne,
Autour de moi je ne vois plus personne.
Ainsi, les yeux baignés de pleurs,
La bonne foi déplorait ses malheurs.
Pourquoi, dit le Présent, t’affliger de la sorte ?
Les vices nombreux des mortels,
De leur infernale cohorte
N’ont-ils pas de tout temps profané tes autels ?
Jadis étais-tu plus chérie ?
Le monde a-t-il vu nos aïeux (1)
Brûler pour toi de plus beaux feux ?
Toujours tu fus mal accueillie,
N’en déplaise à ces romanciers
Chez qui du passé la peinture
Ne nous offre de la nature
Que les roses et les lauriers.
Oui, sur l’un et l’autre hémisphère
Peu de gens ont suivi ta loi,
Et dans ce séjour de misère,
Tu n’as que les martyrs pour toi.
En tenant ce triste langage,
Le Temps prouvait trop bien, je croi,
Que par malheur la bonne foi
N’est pas toujours notre partage.
(1) N’envions rien à nos aïeux ;
En tout temps l’homme fut coupable,
En tout temps il fut malheureux.
(Gresser, Idylle sur le siècle pastoral)
Joseph Barthélemy de Feraudy