Un jour les Notes de la Gamme
Se mirent en sédition,
J’ignore à quelle occasion.
Peut-être bien, l’esprit d’un sophiste en renom
Avait passé par là, soit dit sans épigramme.
Toutes en même temps voulaient donner le ton.
Adieu la savante harmonie
Des chants sacrés,
Par le ciel inspirés.
En place d’une mélodie
Pleine de tendres sentiments,
On n’entend plus que bruits stridents,
Une horrible cacophonie,
Faisant mal, agaçant les dents.
Certaine Note,
Un peu moins sotte,
Dit, quel singulier vertigo,
Quelle atteinte de frénésie
Nous a passé par le cerveau.
Famille intimement unie.
Vivons en paix comme autrefois.
Plus j’examine, plus je vois
Que cette égalité que la sagesse enseigne
Véritablement chez nous règne.
Chacune à noire rang nous primons tour à tour.
Chacune a son talent : l’une exprime l’amour,
Et se plaît à chanter sur un mode plus tendre ;
A célébrer les dieux telle autre ose prétendre ;
Celle-ci des héros redira les exploits ;
Celle-là ne se plaît qu’aux chants des villageois ;
Ainsi chacune suit la pente qui l’entraîne.
Telle l’humanité forme une immense chaîne.
Ni premier,
Ni dernier,
Cela dépend du point de vue.
Dès que chacun
Au bonheur commun
Contribue,
Eh ! qu’importe le rang que le sort distribue !
A l’état, dans son humble emploi,
L’honnête laboureur peut être plus utile,
Sans jamais s’occuper d’une gloire futile,
Que sur le trône un mauvais roi ;
Donc que chacun demeure en paix chez soi.
Pour que les discordes finissent
Que tous en un seul cœur s’unissent.
“La Bonne Harmonie troublée”