Joseph Barthélemy de Feraudy
Une calèche fort brillante
Sur la route allait bon train ;
Une charrette à la marche pesante,
Se rencontra sur son chemin ;
Le cocher crie, il tempête, il menace,
Il faut soudain lui faire place.
Le roulier cherche à ranger ses chevaux ;
La route était étroite, et pour comble de maux,
Sur sa gauche coulait une forte rivière.
Impatient de demeurer derrière,
Le cocher crie encor, on en vient aux gros mots ;
Mais voici bien autre bagarre,
L’attelage effrayé de tout ce tintamarre,
Donne un peu trop à gauche, et charrette et chevaux,
Sont malheureusement engloutis dans les eaux.
Que portait le beau char ? Des bouches inutiles,
Et quelques vêtements frivoles et futiles.
Que portait la charrette ? Une charge de pain
A des soldats presque mourants de faim.
Un tel exemple est assez ordinaire,
En son chemin, l’inutile, ici-bas,
Souvent culbute l’homme utile et nécessaire,
Et fait à pure perte, hélas ! bien du fracas.
Joseph Barthélemy de Feraudy