Un chat, ou plutôt une chatte,
Sur le buffet,
Vit une jatte
Pleine de lait.
Minette, sans larcin d’abord, trempa la patte,
Et la moustache un tantinet
Dans ce surplus qui débordait.
La liqueur excita d’autant sa convoitise,
Cédant à ses instincts secrets,
Pour mieux flairer la jatte elle approche de près,
Pourtant sans y toucher. La Friande est surprise,
Par un commensal du logis,
Qui n’était point de ses amis.
Notre Chatte de fuir… Azor jappe et l’accuse.
Minette, hélas ! proteste en vain ;
Sur ses intentions prétend que l’on s’abuse
Le lait qu’à sa moustache on voit, de son larcin
Est, dit-on, le signe certain.
Contre elle, elle avait l’évidence,
On la condamne à tort malgré son innocence.
C’est ainsi que chacun est plus ou moins enclin
A juger en mal du prochain.
“La Chatte et la Jatte de lait”