Catherine Thévenet
Poète – Fables contemporaines – La Chatte et les deux Mandarins
On était au printemps, période enchanteresse,
Deux Mandarins couvaient dans leur cage dorée.
Une Chatte survient, gourmande et chasseresse,
Jalouse des amours des oiseaux désirés.
Sa patte de velours rapide et assassine
Renverse en un clin d’œil l’abri des amoureux
Qui s’envolent éperdus loin de la gent féline.
La Maîtresse des lieux, ignorante du jeu,
Interdite, découvre les restes du saccage,
Le sable éparpillé et les œufs fracassés,
La graine aux quatre vents dans un vrai marécage,
Et l’os blanc de la seiche en deux parties brisé.
Nostalgique du chant de ses deux compagnons,
Elle s’apprête à châtier la Chatte meurtrière,
Elle pleure et récrimine, gémit et se morfond,
Quand soudain elle entend une chanson légère.
Derrière le maroquin et le vélin des livres,
Ses Mandarins sont là, cachés dans l’ombre fraîche,
Attendant qu’une main vienne et les en délivre.
Armée de l’épuisette d’un amateur de pêche,
La Dame les capture précautionneusement,
Et, leur lissant la plume d’une tendre caresse,
Remet le doux duo dans sa cage céans,
Vilipendant la Chatte et ses noires prouesses.
Craignant à juste titre de sa foudre connaître
Les cris, les jérémiades et les coups de bâton,
La chatte s’en vint vite entre les bras du maître,
Et échappa ainsi à l’abomination.
Moralité
Lorsque l’on est coupable d’un délit domestique,
Un protecteur puissant vaut toutes les tactiques.
Fable librement inspirée par la mésaventure survenue aux deux mandarins de mon amie Bénédicte.
9 avril 2014 – Blog
Mandarins illustration :