Une chatte avait un petit
D’une famille très nombreuse
C’était le seul sauvé d’une fin malheureuse
Je vous laisse à penser combien on le chérit !
Que de précautions et le jour et la nuit !
Gomme on le choie et comme on le caresse!
De telle sorte enfin qu’il eu pâtit.
La mère, en son effroi, contre son sein le pressa
Et le frotte et le lèche avec ménagement,
En miaulant d’un ton plein de tendresse,
Par le cou le soulève avec délicatesse
Pour le porter ailleurs. Bientôt,dans son tourment,
Elle vient le reprendre, et voyage sans cesse,
Mécontente du logement ;
A la fin, pensant que peut-être
Le mal provient d’un refroidissement.
Elle arrive en un bond sur le lit de son maître.
Là, laissant son petit couché bien chaudement,
Vite elle court, inquiète, éplorée,
Chez le Tronchin des chats demander un appui.
Le docteur en robe fourrée
Se rend près du malade. Une patte sur lui,
Il lui tâte le pouls, il le palpe. En silence
Il observe, il écoute, il médite, il balance,
Puis d’un ton grave il dit: «Madame, on peut juger
Que votre fils court un fort grand danger :
C’est de mourir…. faute de négligence ! »
“La Chatte et son Petit, par Mülhauser”