Un chevrier rappelait ses chèvres à l’étable. L’une d’elles s’étant attardée à quelque friande pâture, le chevrier lui lança une pierre, et visa si juste qu’il lui cassa une corne. Alors il se mit à supplier la chèvre de ne pas le dire au maître. La chèvre répondit : « Quand bien même je garde-rais le silence, comment pourrais-je le cacher ? Il est visible à tous les yeux que ma corne est cassée. »
[quote style=”1″]Quand la faute est évidente, il est impossible de la dissimuler.[/quote]Αἴξ καὶ αἰγοβοσκός
Αἰγοβοσκὸς τὰς αἶγας ἀνεκαλεῖτο πρὸς τὴν μάνδραν. Μία δὲ ἐξ αὐτῶν ὑπελείφθη, ἡδύ τι βοσκομένη. Ῥίψας δ’ ὁ ποιμὴν πέτραν τὸ κέρας αὐτῆς κατέαξεν εὐστοχήσας. Ἐδυσώπει δὲ τὴν αἴγα μὴ εἰπεῖν τοῦτο τῷ δεσπότῃ. Ἡ δὲ εἶπεν· “Κἂν ἐγω σιωπήσω, πῶς κρύψω; πρόδηλον γάρ ἐστι πᾶσι τὸ κέρας μου κεκλασμένον.”
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le Chevrier et la Chèvre
Un Chevrier voulait ramener ses Chèvres au bercail. Les unes accouraient, d’autres ne se pressaient pas. Une d’elles, peu docile, broutait dans un ravin l’agréable feuillage de l’osier et du lentisque; il lui lança une pierre de loin et lui brisa une corne, puis il se mit à la supplier: « Ma chevrette, ma compagne d’esclavage, au nom de Pan qui veille sur les bois, ne me dénonce pas au maître,je l’en conjure; c’est malgré moi que je l’ai touchée si juste avec ce coup de pierre. » La Chèvre lui répondit : « Comment puis-je cacher ce qui frappe les yeux.? Ma corne parlera, même si je garde le silence.»
- Babrius, Babrias (IIe. ou IIIe. siècle) traduction par A. L. Boyer (1844)