La chouette a de mauvais yeux *.
Du soleil l’éclat radieux
La force à clignoter.Du fond de sa tourelle,
Contre toute lumière aussi déclame-t-elle
A charmer les hiboux. Bref, le flambeau des cieux,
Ce sublime bienfait d’un dieu qu’il nous révèle,
S’il faut en croire la donzelle,
Loin de les éclairer, aveugle les oiseaux.
Le soleil méprisa ces absurdes propos.
Avait-il rien de mieux à faire ?
Il poursuivit le cours de ses heureux travaux.
De tout temps ce qui brille offusqua le vulgaire ;
Il faut bien se soumettre à cette loi sévère.
Parmi nous le génie est en butte aux dédains
D’une tourbe active et nombreuse,
Je veux parler des sots. Leur rage industrieuse
Le poursuit en tous lieux; mais leurs coups incertains
Ne portent point atteinte à ses brillants destins.
Que pourrait contre Arnault ** la sottise envieuse ?
Les géants craignent-ils les nains?
NOTES :
* Que pourrait contre Arnault la sottise envieuse?
** M. Arnault vient de publier, à La Haye(1818), ses œuvres complètes. L’esprit de parti, l’envie, tourtes les passions haineuses ont saisi cette circonstance pour se déchaîner de nouveau contre l’auteur de Marius , des Vénitiens, et de Germanicus. Quant à moi, je suis fort aise de pouvoir offrir cet hommage public de mon estime à l’un des plus dignes soutiens de notre scène tragique, au fabuliste le plus piquant peut-être de l’époque actuelle.
M. Arnault, long-temps exilé dans la Belgique, est rendu maintenant à sa patrie, et à ses nombreux amis ; l’Académie française s’est honorée en le rappelant dans son sein.
Depuis lors il a remplacé, comme secrétaire perpétuel, Andrieux, mais la mort ne lui a pas permis de jouir long-temps de cette position. “La Chouette et le Soleil”
- Goswin Joseph Augustin, baron de Stassart, 1780 – 1854