Un enfant, son arc à la main,
Se promenait dans un bocage ;
Une colombe, au blanc plumage,
Roucoulait ses amours sous un arbre voisin.
Il entend l’oiseau solitaire,
Il le voit : son arc est tendu,
La flèche part, et sur la terre
L’oiseau mourant tombe étendu.
Le vainqueur enchanté s’élance,
De foie il trépigne , il bondit,
Et, barbare par ignorance ,
De loin à sa proie il sourit.
Plus près de sa victime, il allait la surprendre,
Quand il l’entendit soupirer ;
Alors il vit le sang qu’il venait de répandre,
Et se mit lui-même à pleurer.
Toi, qui vas décochant les traits de la satire,
Toi, qui te fais un jeu de blesser tant de coeurs
Considère de près ceux que ta main déchire,
Et le bon mot qui t’a fait rire,
Pourra te coûter bien des pleurs!
“La Colombe et l’Enfant”
- Nouvel Almanach des Muses – L’an grégorien – Paris 1802