Baron de Ladoucette
Homme politique, poète et fabuliste XVIIIº – La couronne et le bonnet de coton
Je ne sais quel hasard dans un palais, dit-on,
Jeta d’un bon bourgeois le bonnet de colon
Qui bravant les regards s’étale
(De sa nature il est trop sans façon)
Près de la couronne royale.
Jugez l’étonnement, le dépit, la fureur
De celle qui se croit bien plus qu’une princesse.
Et qu’un vil rustaud traite avec tant d’impudeur !
« Jaloux ambitieux, dit-elle, un Dieu vengeur
« Punira ta scélératesse ;
« Arrière ! — Se peut-il (répond avec douceur
« Le couvre-chef gaulois) qu’en ton aveugle erreur
« Tu songes qu’insensé j’envie
« Et ton éclat et ta grandeur ?
« On tient que de soucis empoisonnant sa vie,
Ton monarque souvent, durant toute la nuit.
Plein d’amers souvenirs, et s’agite et gémit.
« Mon maître, ami constant de la simple nature,
« Souffre de légers maux, sans le moindre murmure ;
Ensemble, nous dormons, en paix, sans repentir. »
La couronne, à ces mots, pousse un profond soupir.
Baron de Ladoucette, La couronne et le bonnet de coton