Sur le bord d’un puits très profond
Dormait étendu de son long
Un Enfant alors dans ses classes.
Tout est aux Ecoliers couchette et matelas.
Un honnête homme en pareil cas
Aurait fait un saut de vingt brasses.
Près de là tout heureusement
La Fortune passa, l’éveilla doucement,
Lui disant : Mon mignon, je vous sauve la vie.
Soyez une autre fois plus sage, je vous prie.
Si vous fussiez tombé, l’on s’en fût pris à moi ;
Cependant c’était votre faute.
Je vous demande, en bonne foi,
Si cette imprudence si haute
Provient de mon caprice. Elle part à ces mots.
Pour moi, j’approuve son propos.
Il n’arrive rien dans le monde
Qu’il ne faille qu’elle en réponde.
Nous la faisons de tous Echos.
Elle est prise à garant de toutes aventures.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ;
On pense en être quitte en accusant son sort :
Bref la Fortune a toujours tort.
Autre analyse:
Analyses de Chamfort – 1796.
Celte fable n’est guère remarquable que par la simplicité du ton et la pureté du style.
Études sur les fables de La Fontaine, P. Louis Solvet – 1812.
La Fortune et le jeune Enfant.
Ésope , F. 39.dans l’édit. de Robert Etienne, Paris, 1554.
Cette fable n’est guère remarquable que par la simplicité du ton et la pureté du style. (Ch.)
V. 4. Tout est aux écoliers couchette et matelas.
Ailleurs, parlant de l’amour de contrebande et de ses excursions sur le terrain conjugal:
Tout est pour lui bon gîte et bon logis, .
Sans regarder si c’est Louvre ou cabane.
(Le Cuvier.)
. . . . Tout est plume et duvet
Aux voyageurs…………
(Dardenne, liv. 4, fab, 20.)
V. 23. Bref, la Fortune a toujours tort.
Plus loin, dans la 14e. Fable du 7e. livre :
Le bien, nous le faisons ; le mal, c’est la Fortune.
Régnier, dans sa 14e. satire, se sert de cet apologue pour étayer la maxime que « quand on se brûle au feu » que soi-même on attise, ce n’est point accident, etc. »
A cela près du puits qui ne s’accorde pas au mieux avec l’image empruntée du feu dans le proverbe, cette vieille Fable est ici curieuse a rapporter :
…..Le Malheur………..
Trouvant au bord d’un puits un enfant endormi,
Au risque d’y tomber, à son aide s’avance ;
Un lui parlant ainsi, le réveille et le tance :
Sus, badin, levez-vous; si vous tombiez dedans,
De douleur vos parents, comme vous imprudents,
Croyant en leur esprit que de tout je dispose,
Diroient, en me blâmant, que j’en serais la causé.
Ainsi, nous séduisant d’une fausse couleur,
Souvent nous imputons nos fautes au malheur, etc. (La Fortune et le jeune Enfant)