Jean Marc Wollscheid
Poète et fabuliste contemporain – La fourmi et le papillon…
Une fourmi allait gracieuse loin de ses sœurs,
sûre de quitter la fourmilière et ses collectifs labeurs,
elle en avait assez de supporter le poids des leurres.
Elle se percha sur une branche verte,
entre les feuilles et les alizés alertes,
prête à tout pour ne pas tenter sa perte…
Comme un nid était vide, elle y posa l’abdomen,
et jura ici-bas, d’y construire son domaine,
surtout plus tard d’y pondre, foi de rouge naine…
Mais le sort est parfois tatillon et même taquin,
au point que dans la paille une larve est en satin,
en cours de palpitations, en phase d’artifice jasmin…
La fourmi pourrait dévorer la bête qui éclot,
mais au contraire, l’aide dans son décor enclos,
la pousse hors de son cocon sonnant la fin des clos…
Le royal papillon déploie ses frêles merveilles,
sur le bord du nid absorbe ses premiers soleils,
puis frissonne pour mieux accepter une vie d’abeille…
La fourmi est éblouie par l’étendu arc-en-ciel,
le jeu des couleurs lui montre l’amour essentiel,
puis, jaillit de l’ouvrière un flot de sucré miel…
L’insecte multicolore se sent redevable et emprunt,
il accepte sur son dos la fourmi contre les embruns,
puis, tout deux s’envolent pour des doux parfums…
Voilà fourmi à dos de papillon claironner la fête,
que voler haute en couleur est nouvelle quête,
avec son ami virevoltant, des idées plein la tête…
La fourmi, naguère usée, gagne une vie de voyage,
une envie d’amitié, se découvre âme et bagage,
et enfin l’amour, pour papillonner loin de l’esclavage…
Voilà un majestueux papillon porter sa passion,
celle pour une fourmi en mal d’affection,
et vouloir au tout début des temps, juste confection…
C’est depuis que les reines fourmis ont des ailes,
leur vol est le fruit d’un amour éternel,
entre un primaire papillon et une frêle donzelle…
S’entraider mène toujours à l’amour,
l’amitié, les partages, les sucrés jours…
Jean Marc Wollscheid