Imitée de l’arabe
Limpide, s’échappant d’une éclatante nue,
Et légère fendant les vastes champs de l’air.
Une Goutte d’eau dans la mer
Vint tomber tremblante, éperdue.
En voyant les flots inconstants
S’amonceler, mugir sans cesse,
Se former en gouffres béants,
Repentante, elle dit, le cœur plein de tristesse :
« Que suis-je, hélas! dans cette immensité?…
« Autour de moi quel noir présage?
« Naguère je brillais dans le sein du nuage;
« Aujourd’hui je me vois, cruelle adversité!
« Plus malheureuse que la feuille
« Que l’onde amère en son abîme accueille. »
Mais Dieu, touché de son effroi,
La déposa dans une huître rieuse.
Où, transformée en perle radieuse,
Plus tard, elle para la couronne d’un roi.
Cette humble Goutte d’eau, c’est, suave et touchante,
L’humilité, fleur odorante.
Au parfum précieux :
Dieu l’aime, et triomphante
Elle embaume les cieux.
“La Goutte d’Eau”