La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf,
sur les rimes de La cigale et la fourmi.
La grenouille un beau jour sur l’étang a chanté
Qu’elle deviendrait bœuf à la fin de l’été.
Mais sa famille étant de chère dépourvue
Dit que telle rondeur parait bien mal venue,
Lors que dans les marais ne flotte nul morceau
Pour nourrir ses têtards ; ni ver ni vermisseau.
« Tant pis ! dit la grenouille. Allons crier famine
À la race crapaud de la mare voisine. »
Les vilains batraciens acceptent de prêter,
À fort taux, beaucoup plus qu’il faut pour subsister ;
Alors, se transformant en rainette nouvelle :
« Suis-je bœuf devenue ? » entour s’informe-t-elle.
On répond qu’elle est loin de valoir l’animal,
Mais qu’elle en doit rester à son plan principal.
Et, soutirant encore à la race prêteuse,
Elle gonfle tant pour pallier au défaut,
Qu’elle éclate un beau jour comme un ballon d’air chaud
Sous l’œil sot d’usuriers perdant leur emprunteuse.
Notre monde est rempli de gens allant, venant,
Qui vous marchent dessus, bien qu’il vous en déplaise,
Pour se faire plus gros, plus grands ou plus à l’aise,
Et crient partout : « Pour moi ! » « Je veux ! » et « Maintenant ! ».
“La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf”
- Autres fables de Patrick Lanciot : https://pich24.wordpress.com/