Marie-Nicolas-Silvestre Guillon
Théologien, prêtre – Analyses – La Lice et sa Compagne
Commentaires : La Lice et sa Compagne par MNS Guillon – 1803
(1) Une Lice étant sur son terme. La prose dirait : touchant à son terme. La poésie plus précise, avec moins d’exactitude peut-être, hasarde : étant sur son terme. La Lice fait plus qu’y toucher, elle l’a atteint, elle y est. Cette situation rend plus pressante la demande de l’animal. Ce n’est qu’à la dernière extrémité qu’elle emprunte, tant il lui coûte de devoir! Le moyen de refuser ?
(2) Fait si bien, qu’à la fin sa compagne consent. Le fardeau, est si pressant ! une étrangère serait trop cruelle de lui refuser secourt, à plus forte raison sa compagne. Fait si bien qu’à la fin.
Encore ne l’obtiendra-t-elle qu’à force de sollicitations, tant celle-ci tient à sa propriété !
(3) Sa maison, sa chambre, son lit. Pas un mot oiseux , pas un mot synonyme. Sa maison. On a bien le droit de redemander une maison que l’on a prêtée. Hors de chez soi, où peut-on se loger ? Sa chambre. Cette maison n’est pas si vaste qu’on puisse la partager. C’est une chambre en tout. Son lit La chose de toutes la plus nécessaire, celle qui se prête le moins. Et voilà si longtemps qu’on en a fait le sacrifice !
(4) Je suis prête à sortir avec toute ma bande. Elle a bien soin de le déclarer : ce n’est pas à elle seule que l’on aura affaire, mais à une bande entière, et bande de voleurs.
(5) Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette. J. Meschinot, dans son poème des Lunettes des Princes :
L’on perd ce qu’aux ingrats on donne.
— Marseille, bâtie par une colonie de Phocéens, s’était rendue , dès sa naissance, redoutable aux peuples qui lui avoient permis de s’établir au milieu d’eux. Coman, successeur de Nannus, roi des Sigobriens , voulant engager ces peuples à s’armer contre la ville nouvelle , commence par la rendre odieuse, et la peint à leurs yeux comme la Lice de cet apologue, qui, dit-il, se voyant prés de mettre bas, supplie un berger du voisinage de lui prêter, par grâce, un lieu pour y déposer ses petits. A ce premier service il faut bientôt joindre celui de permettre qu’on restât tout le temps nécessaire à l’éducation de ses petits. A la fin, ces mêmes petits étant déjà forts, et la Lice se sentant bien escortée, s’adjugea elle-même la propriété du lieu. (La Lice et sa Compagne )