Madame Adèle Caldelar
Poétesse et fabuliste XIXº – La Lumière et l’Éteignoir
Parlant à la Bougie, un jour un Éteignoir
Lui dit :— Certes, ce monde est heureux de m’avoir
Par vous, comme par les Chandelles,
Sans moi l’on en verrait de belles ! »
D’un semblable discours sans daigner s’émouvoir,
Celle-ci répondit — « Je suis, de ma nature
Fort blanche, et je produis une clarté fort pure.
C’est en nous éteignant que vous nous noircissez :
Nous éteindre, pour vous, n’est-ce donc pas assez ?
J’en veux bien convenir, en des mains imprudentes
Nous avons pu, parfois, causer quelques malheurs.
Mais nous en sommes innocentes,
Quoi qu’en disent des imposteurs.
Et se passer de nous, serait, je vous l’atteste,
Un mal cent fois encor plus grand et plus funeste.
Même devrions-nous, brillant sous d’autres feux,
Grâce à des étourdis (il en est en tout lieux),
Y causer de nouveau quelque mésaventure ;
Comment croire que Dieu de l’homme ait fait les yeux
Pour qu’il passe ses jours dans une chambre obscure ? »
Madame Adèle Caldelar, La Lumière et l’Éteignoir