Catherine Thévenet
Poète – Fables contemporaines – La Mante et la Mouche
Une Mante éloquente rencontra une Mouche,
Qui lui sembla très sotte et pas du tout farouche.
La demoiselle verte était en appétit
Et elle aurait bien vite assouvi son envie.
« Approchez », lui dit-elle avec aménité,
« Je ne vous vois pas bien et voudrais admirer
Vos ailes diaphanes et vos yeux de velours.
Ce n’est pas si courant que je tombe en amour. »
Or l’on n’ignore pas que les mouches sont fines :
Elle vit en la Mante une autre Messaline
Et se dit in petto qu’elle n’était pas si bête,
Qu’on ne prend pas les mouches avec des chansonnettes.
« Que me chantez-vous là ? Je sais parfaitement
Vos mœurs assassines : vous tuez vos amants
Et vous les dévorez. Il ne me convient pas
D’être votre maîtresse et votre gras repas. »
La Mante allait ravir la Mouche téméraire
Mais celle-ci, évitant les pattes sanguinaires,
S’envola prestement loin de la religieuse,
Qui resta sur le tas, affamée et boudeuse.
Moralité
Ne croyez pas les gens qui font de beaux discours,
Il est toujours à craindre de succomber d’amour.
Fable librement inspirée par la présence d’une mante et d’une mouche sur la table de mon jardin angevin.
Catherine Thévenet, 23 septembre 2011
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