Vous êtes des mortels la cruelle ennemie ,
Disait un jour la Santé
A la perfide Maladie :
De l’enfer, sur la terre on vous a transporté ;
Tout l’univers vous craint ; vous faites le martyre
De tout ce qui respire.
Prothée affreuse ! avec témérité ,
Chaque jour vous prenez une nouvelle forme,
Et la plus parfaite beauté,
Par vous , en laideur se transforme.
Vil assassin, dis-moi l’utilité
De ta misérable existence :
Sans toi je régnerais avec tranquillité.
— Madame la Santé , vous perdez patience ?
Mais je ris de votre courroux :
Nous sommes sœurs , je règne ainsi que vous :
Je vous cède le pas . vous êtes mon aînée ;
Tourmenter les mortels que vous abandonnés,
Voilà quelle est ma destinée.
Mais puisqu’ils sont tous adonnés
Au vice de l’intempérance ,
Ces mortels , vos amis , craignent peu ma présence.
Leurs excès comblent mes désirs ;
Conduite , sagesse et prudence ,
Sont oubliées pour les plaisirs.
C’est un chemin de fleurs qui mène au précipice ,
Dont l’accès me devient propice ;
Je vous chasse et règne à mon tour.
S’il faut vous parler sans détour,
Sachez encor, ma chère amie,
Qui me traitez avec tant de furie,
Que c’est moi qui fais estimer
Le bonheur de vous posséder.
“La Maladie et la santé”