La Mère et l’Enfant
Puisque les propos véritables
Ne sont ouïs, contons des fables :
Possible on les écoutera.
Esopet les fit par l’oracle,
Pour, en riant, faire miracle
En l’esprit qui les goûtera.
Un loup ayant fait une quête
De toutes parts, enfin s’arrête
A l’huis d’une cabane aux champs,
Au cri d’un enfant que sa mère
Menaçait pour le faire taire
De jeter aux loups ravissants.
Le loup qui l’ouït en eut joie,
Espérant d’y trouver sa proie,
Et tout le jour il attendit
Que la mère son enfant jette ;
Mais le soir venu, comme il guette,
Un autre langage entendit :
C’est la mère qui d’amour tendre
Entre ses bras alla le prendre,
Le baisant amoureusement ;
Avecque lui la paix va faire,
Et le dorlottant pour l’attraire
Lui parle ainsi flatteusement :
Nenny, nenny, non, non, ne pleure ;
Si le loup vient, il faut qu’il meure ;
Nous tuerons le loup s’il y vient.
Quand ce propos il ouït dire,
Le loup grommelant se retire
Céans l’on dit l’un, l’autre on tient.
“La Mère et l’Enfant”