Richaud-Martelly, Honoré Antoine
Poète, et fabuliste XVIIIº – La Mère qui se fait peindre
Un fameux Peintre employait son talent
A peindre une assez vieille femme :
Quand il crut voir le portrait ressemblant ,
Il l’apporta. La bonne dame
Voulut qu’il fit les yeux plus beaux,
Et sur-tout la bouche moins grande.
L’Artiste complaisant sourit à sa demande
» Et corrigea tous ces défauts.
La bouche et l’œil font bien ; mais, lui dit-elle encore
» Je dois avoir le teint plus frais :
Je ne reconnais point mes traits
Sans la fraîcheur qui les colore.
Le Peintre, une seconde fois,
Cède, et rajeunit le visage.
Allons, dit-elle, je prévois
Que je serai contente de l’ouvrage ;
Tâchez de mettre seulement
Dans le maintien plus d’assurance.
Ce fut pour lui l’ouvrage d’un moment.
C’est un présent pour la famille,
Vous sentez-bien qu’il doit être parlant.
Elle le trouva ressemblant »
Quand il fut celui de fa fille.
La Mère qui se fait peindre
Richaud-Martelly, Honoré Antoine