Autrefois une Montagne
Entre la France & l’Espagne,
Étant sur le point d’accoucher,
Jettoit des cris les plus terribles,
Des cris capables de toucher
Tous les cœurs les plus insensibles.
Lions, Tygres & Léopards
Accoururent de toutes parts,
Pensant qu’après cette torture,
Et des efforts si violens,
Il alloit sortir de ses flancs
Un Monstre d’énorme stature,
Tel qu’un Python ; quand par hazard,
Pour fruit d’un si cruel martyre,
Elle n’enfanta qu’un Lézard
Qui les fit tous crever de rire.
Que de gens se donnent le ton
D’annoncer au Public un merveilleux ouvrage !
Et qui, comme Rainaud & son ami Ballage
Ne produisent qu’un avorton.
Sans aller jusqu’aux Pyrénées,
Paris & Londres, fort souvent,
Nous procurent l’amusement
De ces couches inopinées.
“La Montagne et le Lézard”
La Montagne qui accouche, par La Fontaine
Une Montagne en mal d’enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu’elle accoucherait, sans faute,
D’une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d’une Souris.
Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un Auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.
C’est promettre beaucoup : mais qu’en sort-il souvent ?
Du vent.