EPILOGUE.
Un jour des moissonneurs, armés de leur faucille,
Coupaient les blés d’un champ qu’avait mûri l’été.
Le maître de ce champ, bon père de famille,
Ami du pauvre, plein d’or et d’humanité,
Prescrit aux moissonneurs de laisser quelques gerbes,
Afin que l’indigent glane après la moisson.
Bientôt toutes ces blondes herbes
S’amoncellent dans le sillon.
Les pieds des chevaux, dans une aire,
Des pailles séparent le grain.
La ferme le reçoit ; et la contrée entière
Se réjouit d’avoir du pain.
Cependant de glaneurs une foule empressée
S’en vient, de bon matin, ramasser dans ces lieux
Mainte gerbe qu’on a laissée.
C’était peu, mais beaucoup pour eux,
De cette multitude avide
Tous n’eurent pas égale part.
L’un recueillit du grain ; d’autres un chaume aride ;
Plusieurs étant venus trop tard
S’en retournèrent la main vide.
Ce fermier si riche et si bon
C’est notre divin La Fontaine,
Le maître de la fiction.
La Fable est son champ, son domaine,
Il le moissonna tout entier,
Après lui, maint autre travaille
A glaner quelque épi. Malheureux le dernier !
Il ne lui reste que la paille.
“La Moisson”