Une Mouche aperçut une grosse Chenille.
Elle pensa se trouver mal :
— Dieu ! qu’est-ce que je vois ? Le vilain animal !
Que fait-il sous cette guenille ?
Ma robe du matin à madame fait peur,
Lui dit-elle. Il est vrai, l’habit n’est pas honnête.
Mais revenez ce soir ; je ferai ma toilette ;
Et vous recevrai de bon cœur.
La Mouche promit ; vint précisément à l’heure
Où la Chenille ayant quitté
Sa bure et sa vieille demeure,
Désormais papillon, volait en liberté.
Le voilà qui dans l’air déploie
Un corps resplendissant des plus vives couleurs,
Des ailes de saphir, des vêtements de soie,
Et voltige de fleurs en fleurs.
— Sur l’habit, par ma foi ! Bien fou qui se décide,
Disait le confus Moucheron.
Le mérite est souvent comme la chrysalide
D’où sort un brillant papillon.
“La Mouche et la Chenille”