Jean Marc Wollscheid
Poète et fabuliste contemporain – La mouche et l’ignare
Voici une sotte et bavarde,
Qui va apprendre gaillarde,
Que trop parler coûte la vie,
Quelque qu’en soit le parvis…
Car langue bien pendue,
Est aussi piège bien tendu…
Un lézard gisait immobile,
Sur un manguier fragile,
Semblant dormir au soleil,
Surement loin du réveil…
Quand la mouche se pose,
Elle est investie de proses,
Et veut du lézard discussion,
Des mots pour sa construction…
La mouche insiste au dormeur,
Pousse une chanson en clameur,
Virevolte au dessus de la bête,
Puis provoque le tête-à-tête…
« Décidément, sans éducation,
Un lézard est sans démonstration…
Voyons si un poème ferait mouche
Pour un son gagner de ce farouche… »
C’est ainsi que la bavarde au filet,
Comme moulin site Alphonse Daudet,
Aussi un peu Prévert et bon Verlaine,
En tout, des phrases jamais vilaines…
Le lézard muet à ne pas entendre,
fait mine de rien pour se détendre…
La poétesse prend la mouche,
Décidée pour plus d’une couche…
Avec tant d’efforts et d’auteurs cités,
Qui n’applaudirait pas en férocité…
« Même sans culture on doit du plaisir,
Pour qui fait l’effort de nous l’offrir… »
La mouche avance et fait ses gros yeux,
Elle invoque tous les écrivains des cieux,
Puis insiste sur le rôle d’un bon public,
Qui après spectacle se doit une éthique…
L’autre, bon patient n’a aucune sueur,
Reste sans voix sous la forte chaleur,
Ignorant les rimes qui rendraient docile,
Le plus féroce des gardes immobile…
La mouche maintenant une puce,
Saute devant l’idiot privé d’astuces,
Zig, zag, puis frotte mandibules,
Ventant ainsi le précieux ridicule…
Soudain à la vitesse de l’éclair,
Le lézard scotche la folle d’airs,
Puis l’avale sans coup férir,
Avec nul besoin de la frire…
Voilà une sotte bavarde,
Qui apprend la criarde,
Que trop parler peu coûter cher,
Que sourd et muet a viscères…
Ici langue bien tendue,
Fait mouche bien entendu…
Jean Marc Wollscheid