Aimer et trouver qui nous aime
Est un brûlant désir.
A votre cœur demandez-le vous-même :
Sans l’ombre d’un ami peut-il,être un plaisir?
Un vieillard, tout courbé sous trente ans de misère,
Pauvre avec un bon cœur,
Pouvait compter encore un ami sur la terre,
En dépit du malheur. . .
C’était son vieux Médor. Sous sa main caressante,
Sur les mêmes lambeaux il repose la nuit ;
Le jour il suit Hubert, dont la voix gémissante
Implore un peu de pain qu’il partage avec lui.
Mais chacun de blâmer son barbet inutile :
Avait-il trop pour lui d’un aliment grossier?
A la pitié du riche il est si difficile
D’arracher un denier !
Ce luxe, malheureux, sied-il il ta misère?-
Tu ne peux te nourrir, et tu nourris un chien !
Sans mot dire, à pas lents, et baissant l’œil à terre,
Le bonhomme s’en va, honteux dans son maintien;
Ou, s’il verse des pleurs, sa main, qui les essuie.
Flatte son vieil ami, qui le suit, pas à pas:
«Te quitter, bon Médor, plutôt quitter la vie!
Et qui donc, sans mon chien, m’aimerait ici-bas?»
“La Pauvre et son Chien”