Un pauvre homme souffrait se mourait de besoin.
Il se taisait pourtant ; nulle plainte importune
Ne fatiguait les gens, n’accusait la fortune;
Il jeûnait… il pleurait quelquefois dans son coin.
Sa fierté dictait son silence.
Jadis plus de bonheur était son lot, je pense.
Un jour, près de lui vint une femme…
Ses yeux Sondèrent un instant le malheur de ces lieux.
— Pourquoi rester ici ? Venez chez moi, dit-elle.
Il faut de l’exercice à votre âge. Acceptez
L’appui de mon bras… Bien… Nous arrivons. Montez;
Mon logis est bien haut, mais la vue en est belle.
Le dîner est tout prêt. Dinons… De deux jours l’un,
Je veux que vous veniez vous asseoir à ma table. —
— Mais je tremble d’être importun. —
— Je vous ai dit: je veux… Oh! je suis intraitable.
Acceptez cet argent. – D’où vient?… -J’aime adonner.-
— Hélas ! d’où tenez-vous que je suis misérable ? —
— La Charité sait deviner.
“La Pauvre Homme et la Charité”
- Alexis Rousset , 1799 – 1885