Un jour la Pauvreté, ce sinistre fantôme,
Au front creusé de douloureux sillons,
Pénétra sous le toit de chaume,
Séjour paisible où quelques bûcherons
Vivaient contents au sein de leurs ménages ;
L’ambition qui règne à tous les âges
Leur était inconnue, et, comme de vrais sages,
Par une amitié franche étroitement liés,
Ils étaient heureux, oubliés.
Le Bonheur en voyant la face décrépite
De leur hôte nouveau, prit aussitôt la fuite.
Il rencontre sur son chemin
Le Travail qui lui dit : « Mon frère,
Où courez-vous ainsi, de grand matin ?
— Je déserte, hélas ! la chaumière
D’où me chasse la Pauvreté ;
Je ne puis supporter sa froide nudité
Et les chagrins qu’elle traîne à sa suite.
— Eh bien, dit le Travail, retournons au plus vite
Chez vos bûcherons éplorés.
Consolez-vous et vous verrez
Que ma main robuste remplace
Ce que la Pauvreté détruit. »
Il entre : à son aspect, la Pauvreté s’enfuit,
Confuse, faisant la grimace,
Et le Bonheur reprend sa place
Dans la chaumière où chacun le bénit.
“La Pauvreté, le Bonheur et le Travail”