Certain rat de ma connaissance,
En dînant avec moi, me fit en raccourci.
Au coin du feu, l’histoire que voici :
Une souris passa de l’extrême indigence A l’opulence.
La petite avait hérité
D’un vieux rat de sa parenté.
Les rats et les souris de tout le voisinage,
Comme les moucherons qui, désertant le ciel,
Viennent s’abattre autour du miel,
Vinrent soudain lui rendre hommage,
Pour lui dire la part que, dans le fond du cœur,
Ils prenaient tous à son bonheur.
Ce bonheur lui tourna la tête ;
Voilà qu’elle mène grand train,
Qu’elle donne fête sur fête.
Elle ne disait pas : Songeons au lendemain;
Elle dansait, chantait joyeux refrain.
A force de faire bombance,
De vivre bien joyeusement
Et de bien arrondir sa panse,
Elle se ruina très-agréablement.
De vains regrets et l’indigence
Remplacèrent la joie, et les chants, et les ris!
Rappelez-vous la petite souris.
“La Petite Souris Prodigue”