Margot la pie était dans une cage,
A côté d’un jeune pinson.
Celui-ci tous les jours répétait sa chanson :
On se plaisait à son ramage.
Margot de son maudit jargon
Etourdissait les gens de la maison.
Dès le matin la péronnelle
Commençait son sabbat, criait : À déjeuner!
Et ne cessait d’importuner.
Pour avoir la paix avec elle,
Il fallait la soûler. Notre musicien
Chantait et ne demandait rien.
Chacun disait : Vraiment il chante bien :
Des louanges sans fin. Mais ce chantre agréable,
Dans son petit garde-manger,
N’avait souvent rien à gruger:
On oubliait l’oisillon misérable :
Pas un seul grain de mil : si bien qu’un beau matin
Son maître négligent le trouva mort de faim.
Sans cesse l’importun demande, sollicite :
On le trouve partout, et l’on n’entend que lui;
C’est ainsi qu’on obtient les faveurs aujourd’hui :
Et l’on va rarement au-devant du mérite.
“La Pie et le Pinson”