Margot la Pie un jour disoit à Philomèle :
» Vous-même savez-vous pourquoi l’on vous appelle
» Le héraut du printemps et le charme des bois ?
» Votre ramage est joli quelquefois,
» Et puis, vous le faites entendre
» Dans l’ombre de la nuit, à l’heure où les Hiboux
» Chantent seuls, hors d’état de lutter avec vous.
» Mais, dites si jamais vous osâtes prétendre,
» En dépit d’un gosier si flexible et si doux,
» A contrefaire comme nous
» Tous les accents qui frappent votre oreille,
» Ceux de la voix humaine, et les sons si divers
» Qui distinguent entre eux les habitants des airs.
» Dans ce métier je n’ai point ma pareille.
» Chacun le sait, et ma sœur la Corneille,
» Et les Coucous, et les Corbeaux,
» Et les folâtres Passereaux,
» Trompés par les accents de leur voix naturelle,
» Viennent à moi, dès que je les appelle. »
« Dame Margot, reprit le Rossignol,
» Le chant de ces oiseaux est un parfait modèle.
» Vous excellez dans le bémol ;
» Et votre bec et votre serre
» Me défendroient, au besoin, d’en douter,
» Soit dit, pourtant, sans vous déplaire ;
» Si vous saviez par vous-même mieux faire,
» On vous verroit moins imiter. »
“La Pie et le Rossignol”