Antoine-Vincent Arnault
Homme d’état, poète et fabuliste XVIIIº – La pièce de bœuf
Sans la pièce de bœuf il n’est point de dîné.
Combien, en fait de bœuf, n’a-t-on pas raffiné !
En plus de cent façons je crois qu’il s’accommode :
L’un veut qu’en miroton le bœuf soit mitonné,
L’autre qu’en vinaigrette il pique assaisonné ;
Moi, j’aime le bœuf à la mode.
Le bœuf grille en Espagne ; en Allemagne il bout ;
À la Chine, en France, partout,
Point d’enfant gâté qui n’en mange,
Pourvu qu’on l’apprête à son goût.
J’en dis autant de la louange.
Honnêtes gens qui m’écoutez,
L’aimez-vous moins que moi ? Disons sans honte fausse,
Que, pour ce mets aussi, jamais les dégoûtés
Ne disputent que sur la sauce.
Antoine-Vincent Arnault