Un oiseleur, habile à la pipée,
Venait de placer ses gluaux,
Et caché sous une cépée,
Imitait avec ses appeaux
Le triste cri de la chouette.
Bientôt il voit, poussés par un malin plaisir,
Du fond de leur verte retraite,
Une foule d’oiseaux à la hâte accourir,
Sautiller d’arbre en arbre, et crier à tue-tête :
— Il faut la mettre à mort cette maudite bête,
Qui fait à nos petits les plus terribles peurs ,
Qui sans cesse sur nous attire les malheurs.
— Croyez-moi, plumons-là , plumons-là toute vive ,
Exclame à grands cris une grive,
Après quoi, nous la tuerons mieux.
— Il faut, reprend une méchante pie,
De la forêt implacable harpie,
Avant tout lui crever les yeux.
Aussitôt, elles vont tout droit, sans défiance
(Tant est aveugle la vengeance),
Sur l’épais bosquet se poser,
A travers les gluaux cherchent à se glisser,
Et tombent englués au pied de la cépée.
Dame Agace, en guise d’épée,
Majestueusement à son côté traînait
Une mince et longue baguette,
Tandis que celle qui comptait
Déplumer vive la chouette,
Malgré tous ses efforts ne put se dégager
Et fut avec margot mise en la gibecière.
Presque toujours celui qui cherche à se venger
Voit sur lui retomber le mal qu’il voulait faire.
“La Pipée”