Que vous êtes heureuse ! aimable tourterelle ;
Votre mari vous est toujours fidèle ;
Et moi. je ne puis y songer ,
Pauvre poule ! je suis réduite à partager
Avec beaucoup d’autres compagnes ,
Habitantes de ces campagnes ,
Les faveurs d’un coq très-léger ,
Qui se faisant valoir, ne fait que voltiger;
Qui me néglige, hélas ! pour les moindres poulettes.
La plaintive répond : ah ! je vois que vous êtes ,
Ma chère , dans l’erreur ,
Sur mon prétendu bonheur.
J’ai, moi seule, un époux, oui , la chose est certaine ;
Mais seule aussi je supporte la peine,
Les caprices, l’humeur, et les mauvais propos ,
D’un méchant qui me bat, souvent mal-à-propos.
De la félicité l’apparence est trompeuse.
Contentons-nous du sort que nous fit le destin.
Celle que l’on croit très-heureuse ,
Est souvent livrée au chagrin.
“La Poule et la Tourterelle”