« Vous avez vu s’étendre votre empire,
» Dit à la Liberté la touchante Pudeur,
» Et vouloir l’augmenter prouverait le délire;
» Souhait immodéré nous conduit au malheur,
» Mais moi, que vante la sagesse,
» A qui partout on dressa des autels,
» Je cherche en vain, je le confesse ,
» Par quel motif les Francs, ces guerriers immortels,
» Ont pu se réunir pour m’outrager sans cesse.
» La fille sage, hélas ! ne saurait nulle part
» Lever les yeux, même auprès de sa mère,
» Sans s’indigner de voir les chefs-d’œuvre de l’art
» La forcer en tous lieux de les baisser à terre.
» Quelle étrange innovation !…..
» Non , rien ne pouvait y contraindre,
» Laissons, laissons long-temps dormir la passion
» Dont le réveil est tant à craindre!
» Que dans leurs ateliers le peintre et le sculpteur
» D’un beau modèle à nu nous offre la copie,
» Mais qu’ils ne fassent point éclater la rougeur
» Sur le front de la modestie
» La Liberté lui dit : — On a tort , je le sens :
Plus d’une fois, j’en ai rougi moi-même :
Mais attendez quelques moments,
Le retour vers les mœurs changera ce système. —
Un sage et bon législateur
Fait voiler ce qui peut alarmer la Pudeur.
“La Pudeur et la Liberté”