Je ne sais trop comment se fit la chose,
Mais le fait est qu’en un jardin
Un gros chou se trouva placé près d’une rose.
Un jour la fleur avec dédain
Disait au chou : — Qui t’inspira l’audace
De t’approcher ainsi de moi?
Vil légume, retire-toi !
Ce n’est pas ici qu’est ta place, a trouver tes pareils !
— Prenez un ton moins fier,
Répond le chou ; vous n’étiez pas hier.
Et peut-être
Avant demain vous aurez cessé d’être ;
Apprenez, belle fleur, que tant de vanité
Ne saurait convenir à qui passe si vite.
Moi je suis, j’en conviens, de peu d’utilité,
Mais, si mince qu’il soit, sachez que mon mérite
Vaut mille fois votre beauté.
“La Rose et le Chou”