Fleury Flouch
Dans l’enceinte d’un beau jardin,
Un écolier suait d’impatience,
En poursuivant le gentil pèlerin
Qui nous retrace l’inconstance,
Et que l’on nomme papillon ;
Heureux d’avoir fêté les charmes de la rose,
Que ses ailes couvraient d’un riche pavillon,
Prodigue de baisers pour chaque fleur éclose,
L’hôte des airs au gré de son humeur,
Après plus de cent tours, un instant se repose,
Sur un gazon rayonnant de fraîcheur.
Pauvre insecte ! au trépas son caprice l’expose ;
L’étudiant croit déjà le saisir,
Ses yeux pétillent de plaisir ;
Il s’approche, il se penche, il retient son haleine,
Et, de deux doigts, formant presque un anneau de chaîne,
II va, par sa tunique, arrêter le fuyard.
Frivole attente ! il est trop tard,
Le voyageur ailé, type de bigarrure,
Au-delà du jardin va chercher sa pâture ;
L’enfant n’y pense plus ; quand l’aspect d’une fleur,
Que l’herbe à ses regards avait d’abord cachée,
Fait naître un désir dans son cœur ;
Il veut de ce trésor devenir possesseur ;
Et l’humble violette est bientôt arrachée
Du sol qui protégeait sa vie et sa pudeur ;
Zéphir la trouve belle et lui peint sa tendresse,
Et l’enfant, qui revient, savoure, avec ivresse,
Le parfum qu’elle exhale en quittant son séjour.
Ainsi, quand le destin fait paraître au grand jour
Le grand homme inconnu qui jetait sur sa vie
Le voile de la modestie,
Tout un peuple étonné l’environne d’amour.
Fleury Flouch